Exposé de synthèse: JF Camus
Le présent document se veut un exposé réunissant
en une rédaction unique une énorme quantité de contributions
individuelles. Les auteurs de ces contributions ont été sollicités
par le Comité d'Organisation des Etats Généraux de
la Psychologie.
La gageure était de réunir ces éléments
divers et parfois contradictoires en un exposé cohérent muni
d'une certaine unité de ton et de style. Le comité d'organisation
n'a pas souhaité construire ce rapport en mettant bout à
bout chacune de ces contributions. Il voulait à ce titre éviter
l'écueil du morcellement et de la fragmentation, marques encore
tangibles de la jeunesse de la discipline et de la profession.
Mais cette volonté manifeste se devait aussi d'éviter
l'écueil opposé, faisant du rapport l'expression d'une pensée
unique, d'une vision oecuménique ou de la doctrine officielle des
Etats Généraux de la Psychologie.
Ce document ne résume rien. Il coordonne sans les épuiser
certaines des interrogations que les uns et les autres se posent.
Il est la photographie d'un questionnement. Il présente de nombreux
points encore en débats et ne prétend pas trancher dans un
sens ou dans un autre. Il expose avec ses mots la réalité
d'une situation, d'une discipline et d'une profession. Il n'est contradictoire
que dans la mesure où la réalité l'est aussi.
Mais la gageure a été tenue. Le document existe. La communauté des psychologues et de la discipline s'exprime d'une seule voix. Il est proposé comme contribution à une réflexion une discussion collective qui doit se poursuivre, s'élargir et aboutir cette fois à l'élaboration d'un véritable Livre Blanc.
Ce rapport est donc une amorce. Souhaitons que les Etats Généraux
transforment cette étincelle en une flamme.
... les Premiers Etats Généraux de la Psychologie,
initiés par 21 organisations de psychologues, se déroulent
à
la Maison de la Mutualité, les 23 et 24 mars 2001, sous le haut
patronage de Ministre de l'Education Nationale et du Ministre de la Santé.
Temps fort de réflexion et d'expression, ces Etats Généraux
sont un événement décisif pour une profession qui
arrive à un tournant de son histoire.
La réflexion se centre sur la profession de psychologue et ses
exigences déontologiques, sur les secteurs de son intervention,
sur l'inscription sociale de son action.
Des questions d'actualité sont soulevées : L'inscription
juridique de l'exercice professionnel, l'amélioration de la cohérence
statutaire, la pratique de la psychothérapie, la formation initiale
et continue des psychologues, l'évolution des pratiques psychologiques
en rapport avec les besoins sociaux, l'harmonisation européenne.
Ce livre Blanc témoigne de la réalité de cette
profession. Il en inscrit les difficultés, mais aussi les espoirs.
1 Psychologie et Psychologues
Un siècle de Psychologie.
Le respect de la dimension psychologique.
Un titre Légal depuis 1985.
Un Code de Déontologie rénové en 1996.
Protection du public, qualification et garantie des compétences.
2 Une cadre fragile pour une profession en mutation
Image brouillée
Non spécialistes
Faiblesse numérique
Dilution des compétences
Diplômes dérogatoires
Diversité des champs
Fragmentation associative
Harmonisation européenne et exception nationale.
3 Enjeux et questionnements
Echéance 2005
Europe
Quelles améliorations de la réglementation ?
Quelles formations ?
Quelle Organisation pour les psychologues ?
Un siècle de Psychologie.
Le respect de la dimension psychologique.
Un titre Légal depuis 1985.
Un Code de Déontologie rénové en 1996.
Protection du public, qualification et garantie des compétences.
Cependant, les enjeux sociaux et politiques de cet engagement, de même que les difficultés pour le mettre en oeuvre ne permettent pas que ce rôle soit pleinement reconnu aux psychologues. En dépit des trésors d'innovations dont ils sont capables, du bouillonnement foisonnant d'idées nouvelles qu'ils proposent, des trésors de patience qu'ils sont capables de déployer, en un mot de la richesse qu'ils constituent, leur spécificité n'est pas encore complètement affirmée. Les employeurs et les pouvoirs publics tergiversent, lambinent ou renâclent a identifier cette profession.
Cette situation ne peut plus se prolonger au regard des enjeux de société
qui y sont liés.
" L'usage professionnel du titre de psychologue, accompagné ou non d'un qualificatif, est réservé aux titulaires d'un diplôme, certificat ou titre sanctionnant une formation universitaire fondamentale de haut niveau en psychologie préparant à la vie professionnelle et figurant sur une liste fixée par décret en Conseil d'Etat " (article 44).
Le Décret du 23 Mars 1990, établit la liste des diplômes
permettant de faire usage professionnel du titre de psychologue.
Les titulaires :
Le Décret du 28 Mars 1993 ajoute
On notera que la Loi précise explicitement la référence à l'Université. Les décrets élargissent ce cadre réglementaire et définissent ce qu'il est convenu d'appeler les diplômes dérogatoires.
La formation à l'Université est à la fois une formation théorique, méthodologique et pratique qui tire ses vertus des liens naturels qu'elle entretient, d'une part, avec la recherche scientifique, universitaire et fondamentale, et d'autre part, avec les terrains concrets d'exercice du métier. Cette formation souple et flexible s'enrichit continuellement des avancées internationales et nationales dans le domaine. Elle garantit une ouverture d'esprit et un sens critique au service d'un humanisme et d'un rationalisme à l'opposé des obscurantismes sectaires qui recourent à la suggestion voire à la directivité.
Mais, encore une fois, si le titre est légalisé, l'exercice de la psychologie par des non psychologues n'est pas sanctionné. Aucune disposition pénale n'est prévue en ce cas, moyennant quoi aucune instance ne peut être saisie en cas d'exercice illégal de la psychologie. De ce point de vue, l'exercice du titre n'est pas complètement protégé.
En résumé, l'objectif de cette loi est double : d'une
part, elle apporte des garanties sérieuses aux personnes qui s'adressent
aux psychologues et, d'autre part, elle clarifie les contours de la profession.
Autrement dit, le public conserve le choix entre les psychologues qui offrent
une garantie de qualification sérieuse en psychologie et d'autres
personnes qui ne proposent que des prestations " psy ".
La Commission Nationale Consultative de Déontologie (CNCDP) a été installée en Juin 1997 et émet des avis sur les dossiers qui lui sont transmis. Son rôle est purement consultatif et ses avis sont rendus sur la base des prescriptions du code. Les avis sont archivés et constituent progressivement un fonds documentaire à la disposition des associations. En trois ans la CNCDP a traité 99 dossiers.
La commission rend des avis sur la pratique du psychologue (secret professionnel, compétence, délivrance d'attestation, de témoignages ou de bilans, distinction des fonctions du psychologue, usage des tests).
Elle donne des réponses à des questions relevant de la Loi ou des règlements administratifs qui présentent des composantes déontologiques (conflits, propriétés des dossiers établis par les psychologues, recrutement de personnes sans titre de psychologue pour en exercer la fonction).
Elle réfléchit au développement du code, notamment dans les secteurs où les premières rédactions demeuraient modestes (déontologie de la recherche, activité libérale ou encore pratiques psychothérapeutiques).
Elle recommande qu'un enseignement de la déontologie soit assuré
en formation initiale dans les Universités.
Toutefois, en France, si le titre est légalisé (l985) la profession n'est pas réglementée de manière cohérente (décrets d'application paraissant depuis 1990) entre tous les champs et les secteurs qui emploient des psychologues.
Alors que le code de déontologie précise que le psychologue travaille en toute autonomie et en toute indépendance en demeurant maître des outils et des techniques qu'il utilise, dans de nombreux secteurs le psychologue est soumis à des contraintes de l'employeur qui parfois peuvent être incompatibles avec le respect de l'intimité due aux personnes. Des rapports et des bilans peuvent être utilisés à des fins contraires aux intérêts des personnes et ne pas respecter la déontologie professionnelle la plus élémentaire parfois même à l'insu des psychologues. N'a-t-on pas vu des jeunes diplômés se voir proposer des conditions de travail contraires aux dispositions de leur code de déontologie !
L'insuffisance et l'incohérence des réglementations de
la profession est dangereuse. Elle ouvre la porte à un grand nombre
de dérives. Notamment, la tentation est grande de tirer " vers le
bas " la réglementation de la profession, c'est-à-dire, de
ne définir les conditions professionnelles de son exercice que par
la technicité de ses actes. Le psychologue est alors transformé
en simple technicien en applicateur d'outils sans égards pour la
personne considérée.
Image brouillée
Non spécialistes
Faiblesse numérique
Dilution des compétences
Diplômes dérogatoires
Diversité des champs
Fragmentation associative
Harmonisation européenne et exception nationale.
Les DESS conduisant au titre pourtant unique sont nombreux. Ils sont éclatés en des spécialisations différentes. Ils comportent des intitulés qui sont parfois peu lisibles pour les employeurs. L'image donnée par cette mosaïque est loin de clarifier la situation.
En revanche, nombreux sont ceux qui sans en avoir le titre " font
de la psychologie ". On entre dans un autre monde, la " galaxie psy ".
Si le titre de psychologue est protégé, le mot " psy " ne
l'est pas. Revues, rubriques et émissions " psy " fleurissent dans
les médias. On a pu calculer qu'une proportion de 17% des rubriques
des grands magazines féminins était consacrée à
la " psy ". Les intervenants, les invités, les conseillers des ces
rubriques sont rarement des psychologues, mais des " psy ", c'est-à-dire
la plupart du temps des psychiatres (qui sont médecins) ou des psychanalystes
(qui ne sont pas forcément des psychologues) ou des psychothérapeutes
(qui ne sont pas toujours des psychologues). Il y a là une confusion
des genres qui obscurcit un peu plus l'image de la psychologie et des psychologues.
L'image ainsi offerte peut être même déformante
et aboutir à des représentations ou des croyances qui sont
à l'opposé de ce qu'est la psychologie et de ce que sont
les psychologues. Par exemple, tous les enseignants sont frappés
par la méconnaissance de la discipline qu'ont les étudiants
de première année de psychologie. Ce qui est grave n'est
pas la faiblesse de leurs savoirs, mais au contraire la persistance d'idées
fausses mais bien arrêtées qu'ils vont devoir désapprendre
pour acquérir une véritable formation.
De leur côté, les pouvoirs publics ne se hâtent
pas pour harmoniser les cadres réglementaires de l'exercice professionnel
des psychologues qu'ils emploient. Dans la Justice, la Santé, l'Education
Nationale ou dans la fonction publique territoriale les psychologues ont
des missions distinctes, des fonctions différentes, des statuts
différents et des procédures de recrutement spécifiques.
Les tests ne sont pas seulement des outils. Ce sont des théories psychologiques matérialisées dans un instrument par ailleurs validé et étalonné. L'usage d'un test est indissociable de cette connaissance théorique et méthodologique qui en permet l'interprétation en pleine connaissance de ses limites. C'est la raison pour laquelle le psychologue muni de cette connaissance est le seul qui soit véritablement compétent pour effectuer le choix de l'instrument, des méthodes qui conviennent et proposer une évaluation conçue dans l'intérêt et le respect de la personne. C'est la raison pour laquelle il revendique à juste titre l'autonomie technique.
Il existe ainsi deux types de non spécialistes. D'une part, les psychologues " au rabais " formés en 2 ou 3 ans par on ne sait trop qui, murns d'un vernis théorique sommaire et éventuellement affûté dans une technique très compartimentée et, d'autre part, des professionnels formés pour un autre métier qui " font de la psychologie " parce que le flou attaché à la réglementation professionnelle de l'exercice ne permet pas une définition claire et reconnue par tous de ce qu'est un " acte psychologique " et de ce qui n'en est pas.
L'exercice de la psychothérapie illustre bien ces écueils. La relation psychothérapique est une fonction que seuls les spécialistes possédant un niveau théorique élevé (connaissances des psychopathologies, connaissances des indications associées aux diverses formes de psychothérapie, formations personnelles et supervisions qui autorisent la poursuite de traitement à haut risque) peuvent exercer. Ce niveau de compétence, donc de fiabilité pour les usagers suppose une formation universitaire fondamentale et appliquée de haut niveau. Des propositions novatrices doivent être faites dans cette direction.
Ce n'est pas le test qui définit le psychologue, ce n'est pas la fonction qui définit la qualification, mais l'inverse.
L'atteinte de cet objectif conduit à une clarification des situations,
à une redistribution des responsabilités et globalement à
un assainissement de la situation définissant de manière
non ambiguë les statuts et rôles
de chacun, notamment, dans le champ de la santé, les statuts
différents des psychologues, des paramédicaux et des médecins.
Paradoxalement, cette formation qui devrait être dissuasive pour les jeunes en formation initiale attire toujours un effectif stable en première année à l'Université.
Dans le pays, les organisations professionnelles estiment aux alentours de 30 000 le nombre de psychologues en France. Soit un psychologue pour 2000 habitants 1
La jeunesse de la profession ou son image brouillée ne suffisent pas à expliquer ces chiffres atterrants.
Plus fondamentalement, la société hésite à définir précisément le rôle social, les objectifs humains et les missions qui incombent aux psychologues. Moyennant quoi les statuts sont éclatés et l'harmonisation de la réglementation de la profession renvoyée à un futur lointain ou maintenue dans un flou exemplaire.
Par exemple, il est difficilement supportable dans cette situation que
le nombre d'emplois de psychologues scolaires ne soit pas déterminé
par une évaluation des besoins des enfants et des intervenants des
écoles.
Il arrive même que des postes de psychologues soient supprimés
au bénéfice de classe AIS (Adaptation, Intégration
Scolaire).
Cette logique a d'autres effets pervers. Premièrement, les jeunes
diplômés en formation initiale titulaires d'un diplôme
spécialisé en psychologie se trouvent exclus de ces recrutements
(réservés aux instituteurs).
Deuxièmement, lorsque les psychologues scolaires ne sont pas
suffisamment nombreux, on peut faire appel à des faisant fonction
non qualifiés. Finalement, le psychologue exerçant à
l'école est maintenu dans l'institution scolaire de façon
ambiguë et sans statut de psychologue.
L'ensemble de cette logique prive l'école d'une présence
renforcée de psychologues, maintient des particularismes corporatistes
dérogatoires, en un mot tourne le dos à une véritable
entreprise de lutte contre l'échec scolaire, la violence, la maltraitance,
etc...
Prenons un exemple. Celui de l'insertion professionnelle des personnes
en difficultés assurée par les ASI (Appui Social Individualisé)
dépendant de la DDASS. A-t-on besoin d'être psychologue pour
exercer ce travail ? Les textes ne le prévoient nullement. Cependant,
le psychologue y est bien apprécié compte tenu de ses compétences,
mais son statut professionnel ne sera pas celui d'un psychologue. Il est
engagé à ses risques et périls. Pour exercer dans
ce secteur, il suffit de disposer d'une connaissance des problématiques
sociales et de l'emploi, ce qui signifie qu'une personne munie d'une "
fibre sociale " peut parfaitement, dans le cadre de la réglementation
actuelle faire l'affaire. Comme on le voit, la situation est floue. Rien
ne justifie que ce type d'intervention n'implique que des emplois de psychologues
(les équipes pluridisciplinaires sont les bienvenues).
Par ailleurs, certains départements recommandent le recrutement
exclusif de psychologues (c'est bien aussi). Mais dans tous les cas, le
psychologue ne disposera ni d'un statut spécial reconnaissant dans
le contrat d'embauche son titre de psychologue (important pour les références
au code de déontologie), ni d'une rémunération spéciale.
Le psychologue employé dans ces conditions partage avec d'autres
la dénomination de "conseiller en insertion professionnelle " ou
de " conseiller psycho-socio-familial ".
Le caractère exemplaire de cette illustration tient au fait qu'il n'y a pas, dans ce secteur, la manifestation d'une volonté explicite visant à bloquer le recrutement des psychologues, au contraire. Plus simplement, le psychologue ne tire aucun avantage statutaire de sa qualification dans l'exercice d'activités qu'ils partage avec des non psychologues. Les non psychologues exercent donc de manière indirecte une responsabilité psychologique et sont logés à la même enseigne que les psychologues.
Or ici, comme dans d'autres secteurs, l'intervention du psychologue
est originale, unique et spécifique. La situation floue dépouille
sa pratique de cette spécificité. Il est en quelque sorte
dépossédé de sa compétence. Par exemple, les
bilans, les rapports et les compte rendus que les psychologues sont amenés
à produire sont parfois utilisés par d'autres à des
fins différentes sans que leur auteur ne soit mentionné.
Ils sont ainsi privés du bénéfice de leurs interventions.
En un mot, il existe un grand nombre de situations où ni la
fonction, ni la qualification, ni la compétence ne sont reconnues.
Il existe un diplôme d'état de psychologue scolaire. Ce diplôme est réservé aux instituteurs titulaires d'une licence de psychologie. La formation dure un ans. Les psychologues scolaires sont recrutés parmi les instituteurs ou professeurs des écoles, justifiant d'une part, de l'obtention d'une licence de psychologie, et, d'autre part de 3 années de services effectifs d'enseignement dans une classe. Ils sont admis à suivre un cycle théorique de formation en psychologie d'un an dans un centre de formation rattaché à un IUFM, préparant le diplôme d'Etat de psychologie scolaire. Leur formation est de Bac + 3 + une année de stage de préparation du DEPS. Les étudiants stagiaires suivent à l'Université une formation spécifique qui doit être habilitée par le Ministère. Mais ce ne sont pas les Universités qui délivrent le diplôme. Elles sont seulement prestataires de service. A l'issue de cette formation, le Diplôme d'Etat de Psychologue Scolaire (DEPS) est obtenu. Les psychologues scolaires exercent principalement dans le primaire. Durant cette formation, le stagiaire est rémunéré (il ne perd pas sa qualité d'enseignant).
Dans le secondaire et le supérieur, il existe un diplôme d'état de conseiller d'orientation psychologue (DECOP). Les conseillers d'orientation psychologues sont recrutés parmi les candidats qui, ayant subi avec succès les épreuves d'un concours externe ou d'un concours interne, ont suivi, en qualité de conseiller d'orientation stagiaire, une formation de deux années sanctionné par le diplôme d'Etat de conseiller d'orientation-psychologue. Peuvent se présenter au concours les candidats justifiant de la licence de psychologie. La formation est réalisée dans des centres rattachés aux Universités (Paris, Lille, Rennes et Aix). La réussite au concours constitue un pré recrutement assurant une rémunération au stagiaire. La formation en deux ans comporte des enseignements fondamentaux en psychologie et dans des disciplines connexes, un mémoire de recherche et des stages. Le diplôme est obtenu a l'issue de la seconde année. Le conseiller d'orientation psychologue exerce notamment dans les établissement d'enseignement secondaire et dans les Universités.
Tous les psychologues en exercice qui ne disposaient pas des titres requis à la promulgation de la loi ont vu leur cas étudié par des commissions régionales d'habilitation 2 qui tenaient compte des diplômes possédés et de l'expérience acquises au cours de leurs années d'exercice professionnel. Ces commissions ont cessé aujourd'hui de fonctionner.
Il est enfin possible pour des ressortissants étrangers de disposer en France du titre de psychologue. Ces personnes ne disposent pas des diplômes français, mais une commission du Ministère de l'Education Nationale peut, en fonction de la nature des diplômes possédés, accorder le bénéfice du titre pour autant que soient respectés les critères qui prévalent ici. Cela est notamment vrai pour les ressortissant de la communauté européenne qui peuvent exercer en France à condition d'être reconnus comme psychologue professionnel dans leur pays d'origine.
Ces voies multiples d'accès au titre et ces diplômes dérogatoires,
bien qu'étant légaux, ne répondant pas aux impératifs
de cohérence dont la profession a besoin pour améliorer sa
visibilité. Ils aboutissent à des particularismes qui accentuent
le caractère brouillé que peut avoir l'image de la profession.
Cependant, il est possible de repérer des grands " champs " ou secteurs d'exercice pour simplifier la présentation. Mais ces regroupements ne doivent pas faire illusion. Les fonctions, les exercices et les interventions différent considérablement à l'intérieur d'un même champ. La reconnaissance du psychologue et la considération qu'on lui accorde changent d'un service à l'autre.
Deux écueils menacent la présentation par champ. Le premier consiste à multiplier les documents traduisant une diversité d'expériences et de vécus, moyennant quoi l'unité du propos risque de se diluer dans une diversité brouillonne contribuant obscurcir un peu plus une image qu'on voulait clarifier. Le second consiste à ne présenter que ce qu'il peut y avoir de commun entre chaque expérience, on aboutit alors à une sorte de "représentation moyenne " souvent artificielle qui non seulement mutile une réalité concrète fort riche et diversifiée, mais encore propose une image qui n'existe nulle part.
L'attitude adoptée consiste à s'efforcer de construire
une sorte de synthèse de déterminations multiples qui aboutit
à une image contrastée, parfois conflictuelle voire contradictoire
de la profession. L'avantage de cette orientation repose sur le refus de
masquer la contradiction et parie sur la maturité de la profession
pour pouvoir la surmonter.
Leur statut est précisé en 1991 dans le décret portant le statut particulier des psychologues de la Fonction Publique Hospitalière par la définition de la mission instaurant l'autonomie professionnelle, le choix des méthodes et des référents théoriques.
Ce statut comporte une définition légale de l'exercice professionnel qui sert de référence à la définition des missions du psychologue dans la Fonction Publique Hospitalière, Territoriale et dans la Protection Judiciaire de la Jeunesse
"Le psychologues étudient et traitent... les rapports réciproques
entre la vie psychique et les comportements individuels et collectifs afin
de promouvoir l'autonomie de la personnalité. Ils contribuent à
la détermination, à l'indication et à la réalisation
d'actions préventives et curatives assurées par les établissements
et collaborent à leurs projets thérapeutiques ou éducatifs
tant sur le plan
individuel qu'institutionnel" (Article 2).
Ce décret constitue la trame d'exercice retenue pour le psychologues des deux autres Fonctions Publiques. Leur recrutement est effectué à l'issue d'un concours régional et seuls les étudiants possédant un DESS appartenant à l'un des champs défini par le Ministère de la Santé (clinique, pathologie, enfant, gérontologie, formation de formateurs) peuvent y présenter leur candidature.
En phase avec les attentes du public et les demandes des équipes, les psychologues sont amenés à diversifier leurs prestations cliniques et institutionnelles, aussi bien en intra qu'en extra-hospitalier mais aussi, depuis peu, dans les réseaux qui se mettent en place entre la cité et le dispositif de santé.
Les psychologues interviennent donc dans tous types de structures : services hospitaliers, hôpitaux de jour, consultations externes, centres d'accueil à temps partiel, appartements thérapeutiques, ... mais aussi, de plus en plus, dans les comités de pilotage, les groupes de travail transversal en interne ou avec des partenaires extérieurs.
Seuls professionnels des sciences humaines à s'être engagés dans les établissements de soins pour être au plus près des patients, les psychologues sont devenus des acteurs spécifiques, identifiés sans ambiguïté par le public. Pour prendre en compte cette nouvelle attente, l'administration centrale se doit de reconsidérer fondamentalement le positionnement de la psychologie et des psychologues dans le dispositif de santé.
Si le statut prévoit une large autonomie des psychologues par rapport à l'autorité médicale, dans les faits et les pratiques son application est loin d'être satisfaisante.
D'un côté, il existe une demande accrue des usagers ainsi que des équipes à l'adresse des psychologues (augmentation de recrutement en CDD, de quelques heures à un quart temps voir un mi-temps ... ). Mais, de l'autre, de nombreux obstacles sont dressés à la pérennisation des emplois (séparation de postes temps plein en deux mi-temps CDD, difficulté à faire appliquer les procédures réglementaires de recrutement, refus de nommer les candidats reçus au concours, refus des mutations ... ).
Sans cesse la réglementation, quand elle est cohérente (procédure de recrutement) est détournée et s'appuie sur ses incohérences (profil de poste trop détaillé, critères non communiqués et arbitraires de sélection, jury non paritaire c'est-à-dire moitié psychologues, moitié non - psychologues, organisation aléatoire des concours). Cet état de fait entraîne un manque de lisibilité sociale et des variations de traitement dans la profession (contractuels sur des emplois permanente rémunérés tout au long de la carrière comme débutants, il existe autant de contrats que de directeurs voire que de psychologues, deux grilles de salaires que rien ne justifie ... ).
Et pourtant, l'intervention des psychologues, sur la durée, est
facteur d'économie au triple sens d'un rétablissement plus
rapide, d'une réduction des rechutes et d'une consommation moindre
des médicaments. Elle ne permet pas seulement d'accroître
la santé globale des personnes mais aussi de réduire l'utilisation
qu'elles font des services médicaux.
Mais, au delà des questions financières, la question de
la lisibilité du psychologue à l'école se pose.
La réelle prise en compte de la dimension psychologique et sa
mise au travail dans l'institution est une mise en tension et entre parfois
en contradiction avec des commandes administratives, elles-mêmes
prises sous des pressions socio-judiciaires où le politique peut
interférer, surtout lorsqu'il s'agit de mineurs délinquants.
La peur, l'illusion du recours au tout répressif, à l'enfermement,
font alors retour avec un temps qui s'accélère à tous
niveaux.
Dans ce champ, les interventions deviennent extrêmement diversifiées
et le statut hérité de celui de la Fonction Publique Hospitalière
qui constituait un atout dans la composante " médico " de la profession
tend à devenir un obstacle dès lors que l'évolution
de cette profession s'adjoint d'une forte composante médico-sociale
". Pour faire face à l'émergence des besoins nouveaux dans
les domaines de l'interculturel, du vieillissement social, des pratiques
de médiation, du sport, du tourisme, des technologies nouvelles,
etc., il semble nécessaire d'élargir les compétences
en psychologie et de diversifier les contenus des formations permettant
d'accéder aux concours de cette fonction publique.
Il existe également des regroupements de psychologues dans les régions.
Si bien qu'en 1996 on avait dénombré 234 associations de psychologues, une réalité qui fait obstacle à une représentation cohérente de la profession. Il existe parfois, dans le même champ, deux associations aux actions convergentes mais dont les sensibilités différent et dont on pourrait améliorer la synergie.
Ce morcellement est un véritable handicap pour la profession. Les pouvoirs publics ne disposent pas d'un interlocuteur unique, les associations européennes et internationales de psychologues ne savent pas avec qui dialoguer. La profession entretient des relations privilégiée avec la FEAP (Fédération Européenne des Associations de Psychologues) et la recherche entretient des relations privilégiées avec l'IUPS. Cette situation n'est pas satisfaisante et compromet les chances de clarifier l'image de la discipline et de la profession.
Cependant, toutes ces associations ont su travailler ensemble pour le bien commun dans de grandes occasions. L'Association Nationale des Organisations de Psychologues (ANOP) a vu le jour au cours des grands combats aboutissant à la loi de 1985 et aux décrets d'application des années 1990 et 1991. LIAEPU, l'ANOP et la SFP sont aussi à l'origine de la refonte du code de déontologie. Aujourd'hui, 21 associations se retrouvent dans la CIR (Commission Inter organisationnelle Représentative) chargée de coordonner la réflexion et l'action entre les diverses associations. La CIR est à l'origine de la tenue des Etats Généraux de la Psychologie.
Certaines organisations ont décidé de fusionner. Le Syndicat
des Psychologues de L'Education Nationale (SPEN), après avoir rejoint
le SNP vient de se dissoudre (Octobre 2000).
Plusieurs problèmes sont à l'ordre du jour, notamment celui de la durée des études. Si les Italiens se battent contre la création d'une sortie à 3 ans qualifiant de sortes " d'assistants psychologues " (ce qui rappelle aux Français les projets ministériels de licences professionnelles), les Néerlandais veulent sortir de leur formation en 4 ans (comme les psychologues scolaires Français) et les Britanniques campent sur la position défensive de la British Psychological Society (BPS) : hors de nos 6 ans pas de salut et les continentaux qui ne satisfont pas nos critères ne peuvent pas exercer au Royaume-Uni.
Le problème de l'articulation entre universitaires et professionnels dans la délivrance du titre constitue une autre question brûlante : la France est à peu près le seul pays dans lequel l'autorisation d'exercer comme psychologue (en France, le titre de psychologue) correspond à un diplôme. Ce qui signifie que l'instance qui décide qui est psychologue et qui ne l'est pas est de droit le Ministère de l'Éducation Nationale et de fait les Universités et, plus précisément les jurys de DESS ou de DEA. Dans de nombreux pays, la profession intervient sous une forme ou sous une autre dans cette décision. Le système le plus opposé aux français est sans doute celui du Royaume-Uni, puisque la BPS impose aux Universités ses vues sur le cursus et habilite les psychologues. Dans plusieurs pays européens, on voit pointer le système d'un Ordre des Psychologues (que cette appellation soit utilisée ou non), système unanimement dénoncé par les organisations françaises de psychologues. Entre ce dernier système et le système français qui exclut l'intervention de la profession, il faudra trouver un compromis.
Cette exception française pénalisait jusqu'ici les étudiants français souhaitant exercer dans la communauté européenne : l'usage professionnel garanti en France risque de ne plus l'être hors des frontières dans les pays où la profession est régie par un " Ordre " ou son équivalent. Faute d'harmonisation, l'exercice devient ipso facto soumis aux procédures de certification décidées par l'Organisation professionnelle du pays concerné. On peut espérer que la mise en conformité la Loi de 1985 sur l'usage du Titre de Psychologue avec la Directive Européenne de 1989 qui sera prochainement examinée au parlement corrigera un certain nombre d'effets gênants pour la circulation des psychologues en Europe (cette directive prévoit des modalités de rattrapage complémentaire en cas de distorsion entre les formations).
De plus, cette exception française exclue institutionnellement les professionnels de la délivrance du titre. Cette situation prive les universitaires de compétences précieuses et originales et les professionnels du légitime regard sur la formation et les qualifications des étudiants avec qui ils seront amenés à travailler. La nécessité d'associer plus directement et de façon institutionnelle les professionnels à la délivrance du diplôme et donc du titre vient aussi du fait que les enseignants chercheurs en psychologie ne sont pas nécessairement des psychologues, alors qu'ils ont la responsabilité de former des psychologues. Il faut parvenir à concilier le maintien de la délivrance du titre par l'institution universitaire tout en associant plus étroitement les praticiens à cette opération.
Il faut renforcer la présence institutionnelle es qualité des psychologues professionnels dans les équipes universitaires chargées des formations et de la délivrance du titre. Ces dispositions élargissent les propositions du renforcement des responsabilités et des prérogatives des maîtres de stages qui pourraient être définies dans un cadre rénové du " contrat de stage " passé entre professionnel, universitaire et étudiant.
Par ailleurs, il faut rappeler que la " bi appartenance " n'existe pas
en psychologie. Un praticien disposant d'un statut de psychologue dans
une fonction publique et recruté à l'Université doit
démissionner de son terrain d'exercice. La bi appartenance correspond
à un statut particulier reconnu aux enseignants-chercheurs-médecins
qui peuvent exercer à la fois une activité à l'Université
et poursuivre une activité hospitalière. Alors que l'Université
exige une expérience clinique pour recruter certains enseignants
chercheurs et recourt largement aux professionnels pour intervenir dans
la formation, la situation de mono appartenance réduit considérablement
l'enrichissement des apports mutuels qui existent entre l'Université
et les terrains professionnels. Des pistes originales (par exemple, un
statut d'enseignant-chercheur-praticien) doivent être explorées
pour améliorer cette situation.
L'échéance 2005
L'Europe
Quelles améliorations de la réglementation ?
Quelles formations ?
Quelle Organisation pour les psychologues ?
Ce qui signifie que dans ce contexte difficile, les psychologues sont particulièrement vulnérables. Là où les statuts existent, ils sont hétérogènes, lorsque les missions sont précisées elles différent d'un ministère à l'autre ; la nature des interventions et des pratiques est peu lisible d'un champ à l'autre, en bref l'absence de reconnaissance de la profession aggrave une situation qui s'annonce d'ores et déjà comme périlleuse
Deux choix sont possibles. Le premier est celui qui conduit à l'instrumentalisation c'est-à-dire à la paramédicalisation, à la définition du psychologue du premier degré comme n'étant qu'un instituteur spécialisé ou celle du psychologue dans l'entreprise comme un ingénieur. Le psychologue est alors défini par ses actes, sa pratique et ses interventions et non par sa qualification. La formation peut être courte et pas nécessairement universitaire. Le titre devient dissocié du diplôme. L'étudiant de psychologie continue à être celui dont la formation coûte le moins cher et qui consomme le moins de surface dans les bâtiments universitaires.
C'est évidemment la logique inverse qu'il faut faire prévaloir. Il faut défendre les qualifications (niveau et diplômes) qui seules garantissent les compétences et articuler l'inscription juridique de la profession sur ce principe de qualification et non sur celui de la description des actes. C'est ce principe de qualification qui offre une garantie de compétences pour les usagers.
Certains suggèrent l'exploration de pistes statutaires analogues
à celles des dentistes qui ne sont pas nécessairement médecins.
Les psychologues de la Santé deviendraient alors classés
dans les professions médicales. La formation impliquerait un concours
d'entrée (avec application d'un numerus clausus) et exigerait un
sceau d'une faculté de médecine après avis de l'Académie
de Médecine et de l'Ordre des médecins. Un corps des psychologues
de la Santé (reprise du projet de Simone Veil de 1975) verrait alors
le jour et serait juxtaposé aux autres psychologues poursuivant
leur formation dans les filières Lettres et Sciences Humaines.
On aboutirait ainsi à deux professions, deux formations incompatibles
avec le titre unique et la formation unique sur laquelle nous nous appuyons
aujourd'hui. Cette orientation ne saurait être retenue
La définition des standards de formation se décline sous une double forme : le contenu et la durée de la formation. En ce qui concerne la durée des études, il convient de distinguer la durée des études conduisant à l'obtention d'un diplôme et la durée de la période post diplôme conduisant au titre. En France, ces deux durées sont confondues (puisque les diplômes donnent le titre), mais ce n'est pas le cas général dans la communauté où le titre est délivré après validation d'un stage pratique effectué sous la responsabilité des organisations professionnelles.
Les enjeux y sont d'importance. Comme les formations actuelles ne sont pas homogénéisées entre les différents pays comment effectuer cette homogénéisation ?
Peut-on imposer à la France une formation en 6 ans qui tout en pérennisant l'organisation actuelle renverrait la délivrance du titre après une sixième année gérée par les professionnels, ce qui priverait l'Université de ses compétences en matière de délivrance du titre ? Doit-on s'engager dans une restructuration sur deux ans des DESS ce qui s'harmoniserait avec le cadre européen, mais qui s'éloignerait d'autres standards articulant les formations sur le rythme 3, 5 ou 8 ans ?
De nombreuses entreprises, embauchant sur des niveaux de formation à Bac +5, ne trouveraient aucun intérêt à recruter des psychologues formés à Bac +6.
Comment résoudre l'articulation Université et monde professionnel ? La formation universitaire actuelle fait appel à de nombreux professionnels (notamment dans les DESS), mais ceux-ci ne disposent pas d'un véritable pouvoir institutionnel dans la délivrance du diplôme. Les maîtres de stages qui ont en charge une partie importante de la formation (le stage professionnel) se considèrent souvent comme exclus des opérations d'évaluation et ont l'impression de ne jouer aucun rôle dans la délivrance du titre.
Le maintien de la situation actuelle ne semble pas une solution avantageuse notamment, pour les étudiants qui parvenant au titre en 5 ans se trouveraient moins qualifiés que leurs homologues européens formés en 6 ans et donc en concurrence défavorable pour l'emploi.
Il faut donc parvenir, qu'on le veuille ou non à des solutions originales préservant l'intérêt des professionnels, des étudiants et des Universités. Une solution possible suggérée par plusieurs associations consiste à restructurer les DESS sur deux ans, à maintenir l'association entre la délivrance du titre et le diplôme universitaire et à associer de manière originale et institutionnelle les professionnels à la délivrance du diplôme.
Enfin, la représentation de la France dans les instances des
psychologues européens est posée. En dépit d'efforts
considérables, la représentation française dans les
instances européennes est de faible poids. Le
manque de visibilité de la myriade d'associations françaises
réduit la porté de cette représentation. Cette situation
n'est guère satisfaisante.
Doivent être clarifiés
1) La publication d'une liste des psychologues.
2) L'harmonisation et la mise en cohérence des dispositions statutaires des psychologues salariés (Fonctions Publiques et secteur conventionné), s'accompagnant de mesures précises visant à réduire la précarité et à développer des emplois stables.
3) La spécification de l'indépendance technique (examen psychologique, bilan, entretien, exploration, prise en charge etc.) qui relève spécifiquement de cette compétence. Notamment, le choix des outils,techniques et instruments dont les psychologues ont la maîtrise et qui relève en toute indépendance de leur seule responsabilité. Ces dispositions doivent expliciter l'activité du psychologue et contribuer à rendre lisible l'exercice professionnel. L'association forte entre compétence et types d'intervention permet d'échapper au piège de la technicité et au risque de la déqualification.
4) L'explicitation des références au code de déontologie de 1996 afin de définir exactement les devoirs et les responsabilités du psychologue au cours de son exercice professionnel (nature du secret professionnel, degré de partage de ce secret). Ces références doivent être explicitement mentionnées dans les contrats de stage et les contrats de travail.
5) Instaurer les moyens et les lieux d'une concertation entre pouvoirs publics, usagers, universitaires, professionnels dans la santé, l'éducation, l'action sociale, le travail et l'emploi, la justice.
Ces améliorations clarifient les relations avec les métiers voisins. Notamment, lorsque le psychologue partage avec d'autres une compétence particulière. L'ergonome, par exemple, peut être psychologue ou non. On peut concevoir que des problèmes d'orientation scolaires ne relèvent pas exclusivement d'une compétence en psychologie. Les compétences en neuropsychologie peuvent être partagées avec des médecins, des orthophonistes, des rééducateurs ou d'autres encore.Aucune réglementation ne doit et ne peut priver ces autres intervenants de ces compétences partagées, mais elle doit permettre d'identifier celles qui sont spécifiques au psychologue et aussi de définir les responsabilités qui lui sont propres au sein d'une activité collégiale et synergique.
Lorsque la compétence partagée est psychologique, la situation est plus délicate. Par exemple, les professionnels en neuropsychologie peuvent être d'origines diverses (psychologues, neurologues, orthophonistes, ergothérapeutes) qui tous, à la suite d'une formation spécialisée (théorique et pratique), acquièrent une compétence partagée en matière de diagnostic et de prise en charge. La réglementation ne doit pas priver les non psychologues de cette compétence, mais doit rendre plus lisible l'originalité de l'apport du psychologue à cette mission commune. Comme le souligne le collège des psychologues praticiens spécialisés en neuropsychologie " L'individu étant un tout indivisible, on ne peut dissocier l'affectivité de la cognition. La compétence spécifique du psychologue clinicien spécialisé enneuropsychologie lui permet d'accéder à cette double évaluation : celle des séquellescognitives suite à une atteinte cérébrale, celle de ses retentissements et intrications avec les états émotionnels et affectifs du patient et de sa famille. La formation en psychologie cliniqueet pathologique est indispensable pour effectuer une double lecture et analyse des symptômes et guider leur prise en charge. Lors de lésions cérébrales, les chevauchements entre émotion et cognition sont courants, ainsi faut-il savoir différencier par exemple un trouble de la mémoire organique d'un oubli dans un contexte anxio-dépressif. ".
Néanmoins, dans un certain nombre d'autres situations ces améliorations doivent clarifier les situations en privant le non psychologue de certaines attributions psychologiques que la confusion des genres actuels lui permettait insidieusement d'exercer. Ici, il ne s'agit pas, comme dans l'exemple précédent d'une spécialisation obtenue à la suite d'une formation complémentaire spécifique et reconnue, mais, à l'inverse d'un manque de spécialisation lié au flou de l'exercice qui autorise tout le monde et n'importe qui à " faire de la psychologie ". Ceci est notamment vrai dans le secteur " médico-social " où des pans entiers du secteur social se trouvent maintenant articulés avec le médical qui y exerce généralement un pouvoir décisionnel. Il n'est pas évident que cette subordination soit heureuse, elle est largement contestée et tend à renvoyer le psychologue à son ancien statut d'auxiliaire médical. Défendre le statut, les compétences et les responsabilités du psychologue contribue en fait à défendre l'interdisciplinarité et la collégialité du fonctionnement de ces centres.
C'est aussi vrai de la volonté de certains à faire reconnaître
le titre de psychothérapeute indépendamment d'une formation
psychologique sur la seule base d'une compétence acquise dans l'exercice
de l'acte lui-même. Cette question a déjà été
évoquée. Ce serait une erreur d'appuyer la réglementation
sur l'exercice lorsqu'elle doit s'appuyer sur la qualification.
1) Maintien d'un DESS en 5 années. Option qui comporte les risques évoqués plus haut: retard d'un an sur un standard européen qui serait porté à 6 ans, risque de dissociation du diplôme et de l'attribution du titre, mise en concurrence défavorable de nos étudiants sur le marché européen.
2) Restructurer en 2 ans les DESS. Option qui comporte des avantages et des inconvénients. Dans la colonne avantage on trouve une correspondance avec le standard européen actuellement à l'étude, le maintien de l'association titre et diplôme et la participation institutionnelle des professionnels à la délivrance du diplôme. Dans la colonne désavantage on trouve une dysharmonie avec une formation rythmée sur le bac +5. Dans certains secteurs, l'imposition d'une année supplémentaire avant de rentrer dans la vie professionnelle, risque d'assécher les flux étudiants dans ces filières et de provoquer une certaine résistance des Universités qui ne disposeraient pas de moyens supplémentaires pour former en deux ans des étudiants auparavant formés en un an.
3) Certaines propositions conduisent à proposer la délivrance du titre à partir de l'obtention d'un doctorat d'exercice accompagné d'un internat. Cette proposition repousse très haut le niveau de formation pour devenir psychologue. Certes, elle correspond à la fois à une exigence d'élévation des niveaux combinée au souci de professionnalisation des doctorats. Mais, outre que cette proposition reconstituerait une exception nationale, on peut s'interroger sur la nature des compétences susceptibles de légitimer ce niveau de formation.
A côte de ces options sur la durée, on peut s'interroger sur la nature des contenus de formation. Actuellement, le DEUG a une vocation pluridisciplinaire, et comme il a été dit, des spécialisations relativement précoces peuvent intervenir dès la licence. Il serait urgent de réfléchir aux contenus de formation dans la perspective d'une réduction du caractère cylindrique et cloisonné des différentes sous disciplines. L'exemple de la neuropsychologie est typique de ce point de vue. La formation initiale correspondante implique des composantes cliniques et pathologiques, mais aussi des composantes cognitives, expérimentales et neuroscientifiques. Cette formation s'accommode mal des cloisonnements actuels qui prive l'étudiant d'une partie décisive de ses compétences.
Il semble donc nécessaire de saisir les opportunités actuelles pour mettre en chantier une formation mieux adaptée aux besoins présents et à venir concernant la discipline d'une part et la profession d'autre part.
La multiplication des sites de formation (notamment Université et IUFM) ne constitue pas une solution d'avenir. Elle entretient l'hétérogénéité des formations, la multiplication des diplômes dérogatoires et la diversité des statuts professionnels. Elle aboutit à proposer des solutions partielles, locales et corporatistes qui obscurcissent un paysage qu'il est nécessaire de clarifier. Il faut regrouper la formation dans les Universités afin de garantir le caractère national et cohérent de la qualification qui y est acquise.
Les DESS sanctionnent une formation initiale plus qu'une formation continue.
L'acquisition d'une compétence spécifique supplémentaire
(par exemple la neuropsychologie) passe souvent par l'obtention d'un DU.
La généralisation de ces solutions n'est guère satisfaisante.
Les DU sont des diplômes universitaires ne revêtant aucun caractère
national (ils ne sont jamais expertisés par des instances nationales
qui vérifie les contenus de formation et leur adéquation
à une maquette définie nationalement). Il sont payants et
différent d'une région à l'autre. Ils ne favorisent
pas la mobilité. Cependant, ils constituent la seule formation qualifiante
dans le registre de la formation continue.
Les DESS ne sont pas réglementairement restreints à la
formation initiale. Ils peuvent, voire même doivent, accueillir des
étudiants professionnels dans le cadre de la formation continue.
Cependant beaucou d'Université répugnent à cet accueil
dans la mesure où certains voient là le moyen pour des non
psychologues d'acquérir certaines compétences psychologiques
sans disposer pour autant du titre (réservé aux seuls titulaires
de la licence et de. la maîtrise de psychologie).
Cette crainte, en l'absence des améliorations de la réglementation
actuelle, est fondée, car le psychologue déjà vulnérable
risque de perdre définitivement les chances d'une reconnaissance
sociale s'il se trouve confronté à des personnes qui " font
comme lui " mais dont la position institutionnelle est plus robuste ou
hiérarchiquement mieux assurée.
Les DESS se diversifient de plus en plus et forment aujourd'hui une
mosaïque complexe qui risque d'aboutir à l'éclatement
de cette structure de formation. Les employeurs ont de plus en plus de
difficulté à s'y retrouver. D'un côté, cette
multiplication est une réponse à l'émergence grandissante
de besoins nouveaux. Ces formations spécifiques répondent
la plupart du temps à une forte demande locale et régionale.
Mais, de l'autre, elle renforce le brouillage déjà évoqué
et oblige employeur et pouvoirs publics à faire un tri parmi les
DESS délivrés.
Tous les DESS ne donnent pas ipsofacto le titre de Psychologue et même lorsqu'ils le donnent, ils ne permettent pas toujours l'accès de plein droit aux concours de recrutement des différents corps de psychologues des fonctions publiques (Etat, Hospitalière, Territoriale). Les départements compétents au sein des institutions et ministères concernés élaborent par voie d'arrêtés leurs propres règles de recrutement, lesquelles s'avèrent souvent restrictives puisqu'elles correspondent à des profils psychologiques précis.
On pourrait envisager un resserrement des intitulés combiné à une gestion souple d'un système d'options. Cette situation présenterait le double avantage d'alléger les procédures d'habilitation (les modifications concernant les options sont moins lourdes à mettre en place) et de rendre plus lisibles aux employeurs les contenus de la qualification délivrée. Cette solution offrirait un compromis raisonnable entre composante généraliste et composante spécialisée.
Les questions liées à la psychothérapie ouvrent de nouveaux champs d'investigation. Si l'on considère que la formation à la psychothérapie est une formation spécialisée de haut niveau complétant la formation initiale, il faut s'interroger sur la forme que doit prendre cette formation (Doctorat d'Exercice à Bac +8 ?), les sites pouvant la mettre en oeuvre, et les procédures de reconnaissance nationale (Habilitation) en permettant la délivrance. Se posent aussi les problèmes du mode de validation de ces formations complémentaires situées au delà des 5 années standards de formation et de la prise en compte de ces compétences supplémentaires dans les rémunérations.
Il faut donc rouvrir les dossiers et obtenir des pouvoirs publics une
négociation interministérielle d'ensemble associant tous
les acteurs de la psychologie (formateurs et professionnels) qui souhaitent
collaborer à
la mise en place d'une politique globale de formation et de qualification.
Des tentatives de " sur organisation " ou " d'inter organisations " ont déjà vu le jour auparavant. Le CCOP créé en 1966 ; l'ANOP créée en 1985 ; la réforme statutaire de la SFP créant en 1991 un département des associations professionnelles ; la CIR créée en 1996 et prolongeant l'intense travail d'élaboration du Code rénové. Ces tentatives ont eu des fortunes diverses, mais elles démontrent que l'existence d'une volonté commune focalisée sur des objectifs précis et prévalant sur les intérêts partisans crée une synergie efficace. L'ANOP a permis d'obtenir la publication des décrets (1990, 1991 et 1992) définissant les conditions statutaires de l'application de la Loi de 1985. Les efforts conjoints inter associatifs (AEPU, SFP et ANOP) ont aboutis à la refonte du code de déontologie.
Cependant, cette organisation d'associations conduit aussi à des structures lourdes dont le fonctionnement est lent et pesant. Ce mode de fonctionnement fige les initiatives, paralyse l'innovation et dilue les responsabilités. Par un phénomène d'inversion maligne ces modes, d'organisation stérilisent l'action de ceux-là mêmes qui les ont mis en place pour changer les choses. Cette situation est d'autant plus dommageable que les forces existent, les initiatives fusent et les idées bouillonnent. La profession est tonique et demande des changements majeurs.
C'est dans cet esprit, qu'en mars 2000, un texte était publié à l'initiative de plusieurs personnalités appartenant à diverses associations qui alertaient la communauté sur le danger que constituait la pérennisation de la situation actuelle. Cet appel soulignait l'importance des problèmes de l'application du code, de la formation, de la recherche, de l'emploi et de l'Europe et s'adressait à la communauté pour qu'elle s'interroge sur les moyens organisationnels qu'il convient de mettre en place pour faire face à ces enjeux et faire prévaloir des solutions favorables à la discipline et aux professionnels de la psychologie.
A la suite de cet appel, une première réunion des organisations de psychologue s'est tenue à Paris le 16 décembre 2000. Elle a publié la déclaration suivante :
Premiers signataires :
AEPP, AEPU, AFPS, ANPEC, ARP, Collège des psychologues territoriaux
DISS 13, CORHOM, SFP, SNP, autres organisations de l'ANOP.
Cette déclaration est importante. S'y trouve affirmée une volonté de restructuration et de réorganisation. La délicate question concernant de la délégation des compétences et des moyens obtient un accord de principe. Il s'agit bien évidemment d'une question cruciale. D'autres questions essentielles se trouvent toujours en débat. Cette nouvelle organisation prendra-t-elle la forme d'une fédération d'associations conservant chacune leur autonomie et leur indépendance ou bien prendra-t-elle la forme d'une organisation unique à laquelle chacun adhère individuellement ?
C'est à la communauté que revient la responsabilité
de trancher et de choisir le mode d'organisation lui convenant le mieux.
En 1996, les psychologues et la discipline ont explicité un projet au regard des personnes et de la société : travailler à faire reconnaître et respecter la dimensions psychologique de la personne humaine.
Cet engagement tient au fait que l'inscription sociale croissantes des psychologues leur permet de mesurer les risques accrus à cet égard, mais aussi leurs propres responsabilités.
Cet engagement répond à la demande du Législateur et des pouvoirs publics garants de l'intérêt collectif.
Considérant l'importance des enjeux, si les psychologues ont de leur côté à expliquer, défendre et mettre en oeuvre cette mission au travers des fonctions croissantes qu'ils remplissent, les pouvoirs publics ont eux aussi à agir en cohérence avec leur propre demande de " protection du public des mésusages de la psychologie ".
Si des mesures minimum s'imposent en urgence (liste professionnelle, abandon des dispositions réglementaires dérogatoires), d'autres doivent être abordées (harmonisation des statuts, prise en compte de la déontologie).
Si le titre unique est un point d'appui et la formation unique est un
levier que manque t-il pour atteindre les objectifs visés ? une
force ! Une force suffisamment puissante pour unir la profession et lui
donner les moyens d'atteindre ses objectifs.